Devant un paysage il y a une sorte de reconnaissance, finalement chaque composition est à la fois une image du monde comme dans la peinture d’extrême orient, et un auto portrait.
« Quand le paysage est né de moi et moi du paysage, il me charge de parler pour lui. » Shi Tao
Devant un paysage il y a une sorte de reconnaissance, finalement chaque composition est à la fois une image du monde comme dans la peinture d’extrême orient, et un auto portrait.
« Quand le paysage est né de moi et moi du paysage, il me charge de parler pour lui. » Shi Tao
GILLES WEISSMANN
artiste peintre
Critiques artistiques
Gilles Weissmann, peintre de l'Arcadie citadine
Marie-Amélie Richer de Forges
Si l’œil du passant distrait ou trop affairé manque de s'arrêter sur les toiles exposées de Gilles Weissmann, il rate assurément la grâce de la joie qui s'y déploie, silencieuse mais vibrante de tous ses tons chatoyants et chaleureux.
L'œuvre de Gilles Weissmann nous plonge en une contrée nouvelle, malgré ses sujets souvent familiers : rues, toits et places de Paris ou d'autres villes européennes deviennent, sous son pinceau, une sorte d'Arcadie citadine et riante.
Les bruits stridents et le brouhaha sourd des rues disparaissent, comme absorbés par le débordement de lumière. Les frêles et rares silhouettes qui animent les toiles de paysages urbains se tiennent loin des foules bruyantes et prosaïques du train-train quotidien. Les vues en plongée, donnant la part belle aux toits, effacent voiture, bus et circulation. Tout y est calme et serein, baigné d'une clarté du sud qui épouse un silence du nord : la neige elle-même devient chaleureuse, nous calfeutrant de douceur bleue, sous un ciel intensément bleu, mêlée à l'ocre jaune des murs et à l'ocre rouge des tuiles (cf Saint Olaf ; Szekcsö ; Tallinn etc.).
Notre agitation intérieure, comme celle de la ville, s'incline devant ces toiles irradiantes et paisibles : celui qui contemple une telle œuvre s'allège du poids du jour et s'approfondit d'une joie nouvelle, intériorisée et transcendante.
Qu'il s'agisse de paysages verdoyants et fluviaux ou de paysages urbains, on ne peut que comprendre, en s'y abreuvant du regard, que la supplication de Lamartine "Ô temps, suspends ton vol" a enfin trouvé sa réponse : l'instant fragile cède le pas à une éternité de quiétude poudroyante.
La technique d'huile non brillante sur enduit granuleux renforce le caractère vibrant de cette ode à la joie qui s'exprime de toile en toile, de toit en toit, de ville en ville.
Les vues parisiennes sont celles qui me touchent le plus. La poésie et la grâce sont déployées sur ces vues pourtant anodines et que trop familières : la toile "or gris" est emblématique de cet art de l'ordinaire sublimé.
Les vues italiennes sont assurément les plus rayonnantes tant les ocres y sont triomphants de chaleur estivale, les bleus du ciel intensément profonds, et les pins apaisants de leurs verts plus sages, plus sombres. (cf. les tryptiques Aventino / Pincio, Venise, Rome etc.).
De fait, de Tallinn à Saint Petersburg, de Hongrie à l'Italie, l’œil du peintre se fait d'abord photographe : il est frappant de voir, à travers les photographies que ce chasseur de lumières matinales sur la ville rapporte de chaque voyage, se profiler les futurs tableaux.
Le processus créateur naît ainsi à chaque pas, à chaque exploration des villes, à chaque belvédère improvisé ou visité. Aussi est-ce le fruit de toute une pérégrination tant réelle que mentale qui se pose sur la toile mûrement réfléchie : l’œil qui ne sait pas regarder n'y voit qu'un simple paysage alors que s'y révèle un cheminement de vie, un chemin de vie tendue vers la joie, la paix et l'amour de la création et des siens.
C'est d'ailleurs à travers le portrait de ses proches, que le pinceau de l'artiste se fait le plus chaleureusement bienveillant. Les tons chauds explosent sur la toile, l'amour que Gilles Weissmann leur porte se traduit par une touche plus irradiante encore qu'en ses paysages d'Arcadie citadine. On entre dans l'intimité du cercle familiale, une Arcadie lumineuse de tendresse enveloppante et chaleureuse. Le bonheur familial y est palpable, la maternité sublimée et l'enfance reine. (cf "Porteuse de vie" et tous les portraits familiaux)
Sorte d'Hammershøi du Sud où le froid des gris cède la place à la chaleur des ocres, Gilles Weissmann, par ses toiles d'intérieurs avec vues sur la ville ou la nature, offre une synthèse de son chant : l'intimité aimante de ses proches rencontre son amour des paysages tant citadins que sauvages, hymne silencieux et toujours vibrant à la Vie qui l'anime. "Avec vous tous les jours" (fenêtre-croix sur paysage de neige) et la vue de Judith en tenue verte devant la fenêtre donnant sur un paysage enneigé (le baiser d’Helios) en sont les exemples les plus émouvants.
Marie-Amélie Richer de Forges, 2019
Univers des Arts
Thibaud Josset
Gilles Weissmann est formé à l’Ecole Supérieure des Beaux Arts de Paris, d’où il sort diplômé en 1981. Il suit notamment l’enseignement de Jean-Marie Calmettes dont les natures mortes ont fait le tour du monde dans les années 50-70. De lui, Gilles Weissmann tient entre autres choses, la rigueur nécessaire à la maîtrise du dessin, de la composition et de la mise en scène dans la toile.
Paysagiste à la palette lumineuse et aux fulgurances sensuelles déconcertantes, Gilles Weissmann fait partie de ces peintres réalistes dont le propos est fondamentalement poétique, c'est-à-dire sachant provoquer en toute discrétion, l’irruption du sublime au cœur du monde.
Thibaud Josset – Univers des Arts 2014
Roberta Ragazzoni
Web artist
Comment regarder la peinture ? Nous nous approchons de ces tableaux à cause de la bienveillance qu’ils nous inspirent. La tranquillité repose jusque dans les ombres les plus nettes et les plus précises parce qu’elles sont inscrites dans la lumière, par la lumière. Il semble que le même effet de lumière qui embrasse la forme en la caressant, rende le sujet vibrant, et en le traversant le rende vivant. La lumière ne dramatise jamais la scène mais accompagne son être en lui offrant l’espace lui permettant de se présenter au regard, et donc également le temps de se révéler. La lumière rebondit du regard au tableau nous transportant dans un autre monde et nous révèle le secret placide de l’œuvre : là, devant nous, s’étendent des paysages, la courbe d’une nuque, la silhouette d’une église. La lumière ne déchire pas la toile, nous pensons un instant à Caravagio, mais comme chez Fra Angelico, elle inonde et transforme l’objet, le paysage, dans «l’autre » monde de ses couleurs et de ses rythmes vitaux, nous renvoyant une image qui se transcende elle-même et invite l’observateur, l’attirant dans la même dimension. Un moment éternel, un secret qui n’est fidèle qu’à lui-même, révélé pour un instant. La couleur veloutée dévoile l’essence du jeu instauré entre observateur et objet, immergés dans la même paix frémissante d’une vie tranquille et joyeuse, affranchie du besoin des mots : juste le silence et la lumière.
Roberta Ragazzoni 2019
Critique d'art
Martine Bardon
La technique aboutie et très sûre de Gilles Weissmann, traduit une manière personnelle de peindre, hors des courants contemporains. Les couleurs et les ombres portées sont magnifiées par l’éclairage et vibrent avec bonheur à l’unisson du moment choisi par le peintre. La lumière éclaire ses tableaux et se déploie comme un souffle.
Gilles Weissmann nous donne à voir une réalité transformée, sublimée par la grâce d’une sensation intemporelle, d’une émotion heureuse et contagieuse portée par ses personnages. Ces êtres insufflent toujours la vie à ses œuvres et c’est une vie qui émane de leur confiance dans sa plénitude et les disposent à accueillir ses bienfaits.
Depuis la lumière du matin jusqu’aux derniers feux du crépuscule, il est question d’un courant ineffable et harmonieux porté par la peinture. Au-delà des scènes urbaines ou rurales, ce voile lumineux nimbe d’une douceur mystérieuse les lieux où Gilles Weissmann nous emmène et cette clarté devient presque céleste lorsqu’il met en scène un canal glacé ou une rue de Saint-Petersbourg dans sa splendeur boréale.
Ainsi, nous apprenons grâce à lui que les couleurs ne sont pas la propriété des choses et que l’invisible a aussi ses reflets.
En regardant les paysages de neige de l’artiste, je pense à la « la fée au chapeau de clarté … qui passait, laissant toujours de ses mains mal fermées, neiger de blancs bouquets d’étoiles parfumées. » évoqué par Stéphane Mallarmé dans les derniers vers de son poème « Apparition ».
La mer saturée de lumière à Ragusa et les toits rouges chauffés au soleil s’imprègnent d’un filtre clair et puissant, servi par le grain de certaines toiles. Ce grain, cette petite aspérité fait respirer la neige et donne force et relief à la cadence des tuiles chaudes chauffées au soleil.
Quant aux représentations d’édifices religieux tels que la basilique San Francisco à Assises, Gilles Weissmann les met en scène avec une profondeur particulière qui procède des ombres portées et des nuages aux nuances suspendues ainsi que ces lignes de fuite qui guident le regard vers le sacré comme un message d’appel à l’espérance.
L’œuvre de Gilles Weissmann, par sa permanence esthétique, son hommage à la beauté, s’inscrit dans la durée et se traduit par une volonté de connaissance approfondie de la nature, qui se démarque des exécutions rapides et spectaculaires.
Le souffle qui parcourt son œuvre et semble parfois indépendant de la matière, c’est la spiritualité de son être.
Martine Bardon, 2019
"Quand tu as un de ces tableaux chez toi, souvent tu as l'impression d'avoir oublié d'éteindre une lampe!"
Une amatrice
"Toujours cette lumière tendre et généreuse" Virginie Standaert